Si vous vous intéressez à la thématique des semences, vous savez que depuis ces soixante dernières années, avec l’industrialisation et la standardisation de l’agriculture, une poignée de grands groupes semenciers ont pris le contrôle d’un marché sur lequel les agriculteurs ne peuvent vendre des cultures produites à partir de graines qui n’ont pas été dûment inscrites dans un catalogue officiel des espèces et variétés, le catalogue du Gnis. Cette évolution, très bien documentée dans le film La guerre des graines (dont nous avons organisé une projection l’année dernière au Perreux), a eu pour conséquences une érosion exponentielle de la biodiversité (les trois quarts de la diversité génétique variétale des plantes cultivées ont disparu au cours du dernier siècle, d’après la FAO), un appauvrissement nutritionnel des cultures et aussi des paysans, prisonniers d’un système dans lequel ils doivent racheter chaque année des semences auprès des grands semenciers pour la bonne raison que celles-ci sont stériles.

Auriane Bertrand a étudié toutes ces évolutions en lisant d’abord, puis en allant interroger un grand nombre d’experts du sujet. Elle est sortie de ces rencontres et recherches confortée dans son idée : se lancer dans un « Seed Tour », un mini-tour du monde à la rencontre de ces personnes qui, un peu partout dans le monde, y compris en France, luttent pour préserver les semences paysannes. L’objectif : observer, apprendre, faire, et revenir avec des bonnes pratiques et idées à essaimer et diffuser. Après une campagne de financement participatif réussie, Auriane prendra le départ pour le Mexique début janvier. Au total, quatre destinations sont au programme : le Mexique, le Sénégal, l’Inde et la France.

La semaine dernière, Auriane recevait les supporters de son projet (contributeurs à sa campagne sur KissKissBankbank et simples curieux) au Hasard ludique, dans le 18ème arrondissement de Paris, pour les remercier pour leur soutien et leur remettre leurs contreparties. En première partie avait lieu un atelier en petit comité autour d’Alexandre Lumbroso et Valérie Tsimba.

Nous avions rencontré Alexandre Lumbroso en octobre, au moment de la projection de son film au cinéma de Nogent-sur-Marne. Depuis, Alexandre a présenté son film une quarantaine de fois, dans des cinémas un peu partout en France. Co-réalisé avec son cousin Jonathan Attias, « Des(clics) de conscience » raconte un véritable périple dans les rouages de notre système démocratique, qui a commencé par le tournage d’une série de vidéos Youtube sur la thématique des graines (YesWeGraine) et s’est terminé, contre toute attente, par le vote en 2015 d’un amendement qu’ils avaient poussé eux-mêmes dans la fameuse Loi sur la biodiversité…

Au-delà de la problématique des semences paysannes, point de départ du film, « Des(clics) de conscience » est un plaidoyer pour laisser plus de place aux citoyens dans la fabrication des lois. Co-produit, en partie par des internautes sur la plateforme Tous Coprod, en grande partie par Jonathan et Alexandre eux-mêmes, le film est diffusé uniquement grâce à des collectifs citoyens. Pour savoir comment organiser une projection, il suffit de visiter le site du film.

Nous avons également eu plaisir à recroiser Valérie Tsimba, que nous avions déjà croisée lors des Estivales de la Permaculture de Montreuil. Passionnée de jardinage, Valérie habite à Courbevoie. Elle nous a parlé des jardins partagés de sa ville (cinq actuellement, avec un sixième en réflexion !), de permaculture, de ses interventions sur le sujet des semences dans des écoles, des jardins partagés et des entreprises. Valérie est très active sur la thématique des semences, notamment via sa page Facebook.

Parmi les soutiens du projet Seed Tour, on trouve aussi l’association SOL, une association qui milite depuis trente ans pour l’accès à une agriculture paysanne et la préservation de la biodiversité. Le signe distinctif de SOL, c’est que l’association est présente dans plusieurs pays, notamment le Sénégal et l’Inde où se rendra Auriane dans le cadre du Seed Tour. Le dernier projet en date de l’association SOL (en recherche de financements), Biofermes, porte sur la création de micro-fermes agroécologiques et autonomes.

Le grand départ du Seed tour est prévu pour le 4 janvier. Pendant toute l’année que durera le tour, Auriane a prévu de documenter ses expériences sur son site Web. La porte est également ouverte aux personnes qui souhaitent contribuer, soit en écrivant elles-mêmes des articles, soit en en traduisant… Nous espérons recevoir Auriane pour qu’elle témoigne de ses expériences à son retour… En attendant, nous lui souhaitons un beau voyage et nous relaierons ses comptes rendus tout au long de l’année 🙂

Pour suivre le Seed Tour, vous pouvez aussi aller directement sur le site https://seedtour.org